Voici quelques illustrations de ma pratique avec quelques extraits de séances glanés au fil du temps
Extrait seance 1: Tout ou rien
Lui : Dès que je fais une erreur, ça m’agace et je perds pied, et là je vous contacte, car je n’arrive même plus à travailler.
Moi : C’est inadmissible en effet.
Lui : (incompréhension, mais reprend..) : Oui, ça l’est !
Moi : Comment vous punissez vous, vous vous frappez ?
Lui : Il ne faut pas exagérer quand même.
Moi : Vous dites bien que c’est inadmissible, vous devez bien vous infliger pénitence, comme par exemple vous empêcher de poursuivre ou carrément abandonner.
Lui : Parfois j’arrête, ou au contraire je me force à travailler encore plus jusqu’à “à tomber de fatigue, car je n’ai plus le choix, je dois réussir.
Moi : Et c’est efficace ?
Lui : Pas tellement. C’est pourquoi nous avons cette conversation.
Moi : Pourquoi vous ne vous accordez pas le droit à l’erreur ?
Lui : Je n’ai plus le droit à l’erreur… je vise HEC, j’ai fait deux ans de prépa, et je n’aurai pas les moyens de cuber. C’est cette année ou rien et c’est HEC ou rien.
Moi : Sinon quoi ?
Lui : Je ne veux même pas l’envisager, c’est ainsi.
Moi : Ce n’est pas étonnant que vous n’arriviez même plus à travailler, vous vous mettez une pression extrême, vous ne vous accordez pas le droit à l’erreur, vous ne voulez pas évoquer un plan B ou un plan C.
Lui : mais j’ai déjà tellement investi, travaillé.
Moi : Ce travail (sur vous ou pour vous) ne sera jamais perdu quelque soit l’issu.
Moi : Pourquoi HEC ?
Lui : Car c’est l’unique moyen de réussir.
Moi : Ah bon, réussir quoi ?
Lui : Avoir un réseau, puis décrocher « le job ».
Moi : Alors, c’est vrai que le réseau est puissant et que cela facilite l’accession à de bons jobs, mais il y a d’autres voies, et puis il n’y a pas que la vie pro, réussir sa vie privée n’est pas important ?Lui : Je me focalise sur ça et c’est tout.
Extrait seance 2: La peur de son propre regard
Afin d’éviter de devenir votre propre ennemi et de ne voir que vos défauts, de ne rien vous pardonner. Je vous encourage à vous assumer avec vos imperfections, votre vulnérabilité. Je vous incite à vous aimer de toutes vos forces, à vous encourager sans condition. C’est un très joli travail à faire pour vous-même.
Une jeune femme me consulte car elle ne trouve pas l’âme sœur.
Elle : Quand je me fais draguer, si le mec me plait, je n’arrive pas à ne pas m’écouter parler.
Moi : Comment ça ?
Elle : Il me parle et c’est comme si je me voyais de l’extérieur, en train de m’auto observer.
C’est très pénible, car je ne suis pas vraiment là.
Moi : Que pense votre partenaire ?
Elle : Que je suis froide, distante mais c’est plus fort que moi.
Moi : Que se passerait-il si en imagination, cette personne qui vous observe revenait dans votre corps et était associée de nouveau ?
Elle : Je serai morte de peur.
Moi : Peur de quoi ?
Elle : Peur de ne pas être parfaite, peur de ne pas avoir la bonne réponse.
Moi : Au moins ce serait votre réponse, aussi imparfaite qu’elle soit !
Puis nous avons embrayé sur les peurs et l’imperfection.
Vous l’avez compris, son souci de perfection la centrait sur elle au lieu de s’intéresser à l’autre et d’être authentique. Impossible de savoir qui elle était. Cela la mettait en incapacité de se dévoiler et de s’attacher. Il fallait assouplir tout ça.
Extrait de séance 3: La peur du regard de l’autre
Très présente chez certains adolescents, exacerbés par les réseaux sociaux, cela crée même une hausse des suicides. Se débarrasser de cette peur est une nécessité pour oser être soi (voir aussi le chapitre environnement).
Une championne de tir de vitesse me consulte pour un problème de stress excessif.
Elle : Bonjour, je stresse.
(ça commence souvent comme ça.)
Ce sont les sélections pour l’équipe de France et je ne sais plus tirer.
Moi : C’est à dire : plus tirer du tout ?
Elle : Non, mais je rate plus souvent qu’avant.
Moi : Depuis quand ?
Elle : Depuis le dernier tournoi, j’ai perdu confiance, je me sens observée, challengée.
Moi : Vous vous sentez observée ?
Elle : Oui, par les sélectionneurs, car il y a des jeunes qui arrivent, je suis menacée.
Moi : Avant, ce n’était pas le cas ?
Elle : Non, j’étais la meilleure et il y avait peu de concurrence.
Moi : C’était mieux avant, vous êtes nostalgique par nature ?
Elle : Non.
Moi : Alors, juste une question : vous êtes douée d’un super pouvoir ?
Elle : Euh ?
Moi : Vous avez le pouvoir d’arrêter le temps, de le retenir vous ?
Elle : (rires) : Non.
Moi : Ah, OK, alors vous êtes soumises aux lois humaines, vous avancez avec le temps, c’est rassurant, car on en est tous là. Et le passé est passé, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, un Nouveau Monde, de nouvelles concurrentes : vous avez peur ?
Elle : Non, ça peut être stimulant aussi.
Moi : OK, qu’est ce qu’elles peuvent vous apprendre ?
Elle : M’apprendre ?
Moi : Oui, vous apprendre. Si ça se trouve, grâce à elles, vous allez même rallonger votre carrière de plusieurs années, vous devriez peut-être les remercier.
Elle : Alors, je n’avais pas vu ça comme ça. Elles sont en meilleure condition que moi, et techniquement, elles se concentrent plus longtemps.
Moi : Parfait, vous avez votre programme d’amélioration pour l’année, maintenant vous allez sortir de la peur et de la comparaison et vous recentrer sur vous-même: entretenir votre condition physique et travailler sur vos rituels et votre concentration.
Elle : Oui, c’est plus motivant en effet.
Sortir de la peur ou de la comparaison pour s’inspirer et s’alimenter de la concurrence en faire comme le cite Yannick NOAH[1] des « partenaires de performance ». Roger FEDERER[2] aurait-il été si fort si longtemps sans Rafael NADAL à ses trousses ? Pas sûr.
Vous pouvez faire face à vos peurs (nous aborderons ce sujet dans le chapitre sur les émotions), une autre bonne technique est de prendre conscience de votre film intérieur puis de l’imaginer et de le monter comme vous le souhaitez.
Extrait de séance 4 : Beaucoup d’efforts
Nageur : Je suis dégouté, malgré notre travail, je rate la qualification aux championnats de deux dixièmes.
Moi : Tu fais ton meilleur chrono, bravo.
Nageur : Oui, c’est vrai.
Moi : Imaginons que tu doives arriver à un endroit, rentres les coordonnées dans ton GPS.
Tu es un peu perdu et ton GPS te dit : il reste deux heures puis il affiche le temps restant : quatorze minutes : continuerais-tu a te dire que tu n’es pas arrivé ou serais-tu content d’avoir déjà parcouru autant de chemin ? Eh bien concernant tes résultats, c’est pareil : tu as déjà fait un chemin énorme, continu…
Nageur : Mais malgré moi, au milieu de la course, j’ai tendance à regarder les autres nageurs et donc je perds le fil, je suis décontenancé, je perds le rythme, et je me saborde.
Moi : Que voudrais-tu à la place ?
Nageur : J’aimerais rester concentré sur moi et ma technique plus longtemps.
Moi : Jusqu’à quand ?
Nageur : Jusqu’au bout de la course.
Moi : Alors imagine que tu nages, centré sur tes consignes techniques, et que tu fais l’aller-retour. Puis tu touches le bassin, mais tu ne regardes ni le chrono, ni tes adversaires, tu restes concentré sur toi, tu sors de l’eau et là tu regardes le chrono.
Nageur : OK, j’ai l’image.
Moi : Bien, ton cerveau a créé l’image, le chemin (neuronal), il ne se laissera plus dissiper par des craintes qui créaient la réalité que tu redoutais.
Entraine-toi trois fois avec ce nouveau comportement à l’entrainement et autant e fois que tu veux en imagination et c’est dans la poche.
En effet, il ne me reparlera plus de son défaut.
Extrait de seance 5: Les règles rigides
Qu’elles aient été importées de notre famille ou qu’elles se soient installées durant notre vie : ce sont nos repères. C’est comme ça qu’on fait. Juste prendre garde à ce qu’elles ne se rigidifient pas trop.
Extrait de séance : Trop de règles tuent les règles
Une grand-mère adorable me consulte pour une grande lassitude.
Elle : Je suis fatiguée.
Moi : Vous voulez m’en dire plus ?
Elle : Je travaille tout le temps et en plus je m’occupe de mes enfants et de mes petits enfants tous les weekends.
Moi : C’est à dire ?
Elle : Je prépare à manger pour tout le monde chaque samedi, mon fils, ma fille et leurs enfants.
Moi : Depuis quand ?
Elle : Depuis toujours.
Moi : Et c’est sympa ?
Elle : Jusqu’à un certain point, mais je vieillis et ça commence à me peser.
Moi : Vous leur en avez parlé ?
Elle : Non, on a toujours fait comme ça.
Moi : Qu’en pense votre mari ?
Elle : (cri du cœur) ça le soule.
Moi : Vous, si c’était qu’une fois tous les quinze jours, ça serait OK ? Vous les verriez quand même !
Elle : Oui, et je pourrai souffler, me reposer.
Moi : Pouvez-vous demander à vos enfants si ça les dérangerait ?
Elle : Je n’ose pas.
Moi : Et si vous demandiez à votre mari de le faire.
Elle : Ça pourrait le faire.
Figurez-vous que les enfants ont été soulagés de cette décision, ils n’attendaient que ça, en fait, ça « saoulait » tout le monde, mais c’était la règle !Le fils a pu aller au foot, la fille retrouver son mari et la mère se poser un peu !
Extrait de séance 6 :Le surinvestissement
Quand l’impression de s’être investi pèse trop lourd, l’inconscient peut trainer ça comme un poids sur les épaules ou ailleurs.
Extrait de séance : La cavalière (équipe nationale de Hongrie)
Cavalière : J’ai un vrai problème technique, les entraineurs n’arrêtent pas de me le dire, mais aucun n’arrive à me corriger. Je ne me tiens pas correctement sur le cheval.
Moi : Ça s’illustre comment ?
Elle : Je suis courbé.
Moi : courbé ?
Elle : Comme si j’avais un poids sur les épaules.
Moi : Ce poids, ce serait quoi ?
Je la vois commencer à se décomposer.
Moi : Gardez ça à l’intérieur sans me dire de quoi il s’agit.
Elle : Fermant les yeux.
Moi : Représentez-vous ce poids sur vos épaules, sa couleur, sa taille, sa matière.
Vous pouvez en imagination commencer à changer si vous le souhaitez un des paramètres.
L’agrandir, le rapetisser, changer la couleur, peut-être. Qu’avez-vous envie de faire ?
Elle : J’ai envie d’alléger tout ça.
Moi : Faites donc, rendez ces poids comme des ballons et voyez-les s’envoler doucement
Elle : C’est fait !
Moi : Observez ce que ça fait dans votre corps.
Elle : Tout drôle.
Elle a fait d’une pierre deux coups : alléger son poids mental et changer sa posture.
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[1] Yannick NOAH, né le 18 mai 1960 à Sedan dans les Ardennes, est un joueur de tennis et chanteur français. Il a remporté Roland-Garros en 1983, seul joueur français à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, également le mieux classé à l’ATP (no 3) et le plus titré en simple avec 23 titres. En 1986, il est également classé no 1 en double. Il a en tant que capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, mené les Français à la victoire en 1991 et en 1996 et en 2017.
[2] Roger FEDERER, Joueur suisse de tennis considéré comme le GOAT (greatest of all time) par nombre de spécialistes